Yasunari Kawabata, né le 14
juin 1899 et mort le 16 avril1972 est un écrivain japonais, prix Nobel de la littérature en 1968.
Considéré comme un écrivain majeur
du XXe siècle et obsédé par la quête du beau, la
solitude et la mort, il a écrit en particulier des récits très
courts, d'un dépouillement stylistique extrême, regroupés plus
tard en recueils, mais ses œuvres les plus connues
internationalement sont ses romans comme Pays de neige (1935-1947),
Le Grondement de la montagne (1954) ou Les Belles Endormies
(1960-1961).
Le 14 juin 1899, Kawabata Yasunari,
deuxième enfant d'une famille prospère et cultivée, vient au monde
à Osaka. Né prématué à sept mois, il restera de santé fragile
toute son existence. Son père, Eikichi, médecin à Osaka, fin
lettré, amateur de poésie chinoise et de peinture, meurt de
tuberculose en janvier 1901. Sa mère, Gen, issue d'une famille
fortunée, décède de la même maladie en janvier 1902. À trois
ans, Yasunari est orphelin.
Séparé de sa sœur qui est
recueillie par sa tante, il est élevé par ses grands-parents
paternels qui vivaient dans un village de la région d'Osaka.
Ceux-ci tentèrent de pallier le vide affectif traumatisant causé
par la disparition de ses parents.
La sœur de Yasunari, Yoshiko, meurt
en 1909. Yasunari n'assistera pas à l'enterrement de cette sœur
dont il n'a gardé « au fond du cœur aucune image », sa
famille voulant éviter de lui infliger une fois encore l'épreuve
d'une cérémonie funèbre, mais cela l'empêchera de faire le deuil
réel de la jeune fille. Sa grand-mère meurt en septembre de la même
année. En avril 1912, il entre au collège et décide cette année-là
de devenir écrivain, consacrant désormais son temps libre à la
lecture et à ses premières tentatives de création littéraire.
Resté seul avec son grand-père, des
liens très étroits se tissent entre le petit-fils et le vieil homme
pendant leurs huit années de vie commune. Mais, affaibli et devenu
aveugle, celui-ci décède en mai 1914 dans sa soixante quinzième
année. Yasunari est alors recueilli pendant six mois par un oncle de
sa famille maternelle. Il commence à écrire cette année-la.
Yasunari entre comme pensionnaire au
lycée en 1915. Grand lecteur de littérature contemporaine et
classique japonaise ainsi que de littérature occidentale, il envoie
de courts essais à différents quotidiens et revues. Certains textes
seront publiés. Au lycée, il est nommé responsable de chambre ce
qui place sous son autorité Kiyono, jeune compagnon à la féminité
prononcée. Complexé et obnubilé par un physique qu'il jugeait
ingrat, convaincu de sa laideur, Yasunari nourrit une véritable
passion sans exutoire charnel envers le séduisant Kiyono qu'il
nommera lui-même « mon amour homosexuel ». Mais en
septembre 1917, Yasunari monte à la capitale et réussit à entrer
au Premier Lycée de Tōkyō (en section de littérature anglaise),
passage obligé pour intégrer l'Université Impériale.
À partir de 1919, Yasunari et ses
amis forment un cercle libre de littérature moderne. En juillet
1920, il obtient son diplôme et s'inscrit à l'Université Impériale
de Tōkyō, faculté de Littérature, section Littérature anglaise.
Il optera l'année suivante pour la section Littérature japonaise.
Il lance la sixième série de Shichinchō où il fera paraître
successivement plusieurs nouvelles importantes.
À l'occasion d'une réunion
d'étudiants dans un café, Yasunari fait la connaissance de Itō
Hatsuyo, jeune serveuse de 14 ans qui le laisse d'abord indifférent.
Peu après cette rencontre, le café cesse son activité et Hatsuyo
part vivre chez ses parents adoptifs dans un temple de Gifu situé
dans une région montagneuse au centre de l'île. Entraîné par un
de ses amis, il continue à voir la jeune fille et, contre toute
attente, décide de l'épouser. Très étonnés, ses amis suivent la
préparation du mariage. Yasunari fait part de ses intentions au père
d'Hatsuyo et soumet son projet à son protecteur Kikuchi Kan qui lui
offre de bon cœur plus de 200 yens. Cette somme importante sert à
louer un logement pour recevoir la future épouse. Environ un mois
après cette décision Hatsuyo envoie une lettre incompréhensible
pour rompre les fiançailles.
Aux yeux de Yasunari, Hatsuyo
représente la femme idéale et, malgré la fin tragique de leur
courte relation, l'ombre de la jeune fiancée hantera longtemps
l'esprit de l'écrivain. Son empreinte est décelable dans de
nombreux personnages féminins qui parsèment son œuvre.
En 1924, il sort diplômé de
l'Université impériale de Tokyo. Kawabata, étant un passionné de
photographie et de cinéma, il écrit le scénario d'un film muet. En
1925, il rencontre sa future femme, Matsubayashi Hideko avec qui il
se marie civilement en 1931. Mais l'ombre d'Hatsuyo plane toujours et
les écrits de Kawabata à cette époque sont empreints d'une joie
factice jusqu'à l'automne, période à laquelle il revoit Hatsuyo
après douze ans d'absence. La rencontre tant attendue s'avère
cruellement décevante, ce qui provoque un changement radical dans le
style d'écriture de Yasunari qui entre dans une période de
désillusion et de remise en cause personnelle. Brisée par la
réalité, l'image idéalisée d'Hatsuyo qui servait de support aux
personnages féminins des romans disparaît pour laisser place à ses
propres fantasmes. C'est donc au début des années 1930 qu'il
atteint sa maturité d'homme de lettres et donne une interprétation
définitive à sa conception de l'existence.
Avec la guerre sino-japonaise puis
l'entrée du Japon dans la Seconde guerre mondiale, Kawabata poursuit
une activité journalistique. Il voyage, visite Pékin et revient au
Japon fin novembre huit jours avant le déclenchement de la guerre du
Pacifique. En avril 1945, il est ainsi envoyé dans un camp militaire
de Kagoshima en tant que chargé d'information pour la marine
nationale.
À cette époque, il recueille dans
son foyer la fille d'un cousin d'une branche de la famille
maternelle.
Il fonde une maison d'édition et
publie en 1947 l'un des premiers écrits de Mishima Yukio. C'est le
début d'une longue amitié littéraire. Leur correspondance suivie
(de 1945 à 1970) met en lumière les affinités subtiles et
l'indéfectible lien qui les unirent dans une relation qui, au fil du
temps, dépassa celle habituelle de Maître à penser envers son
disciple.
Kawabata est hospitalisé en novembre
1958 en chirurgie à l'hôpital de l'Université de Tokyo à cause de
ses troubles à la vésicule biliaire, puis de nouveau hospitalisé
suite aux troubles graves causés par une tentative de sevrage de ses
somnifères habituels ce qui provoqua un coma d'une dizaine de jours.
Rétabli, il milite pour la paix dans le monde.
En 1968, année du sacre et de la
notoriété mondiale, le prix Nobel de littérature lui est décerné
le 19 octobre. Yasunari est le premier écrivain japonais à obtenir
cette récompense.
Il est nommé docteur Honoris causa de
l'université d'Hawaï et membre d'honneur de l'Académie des arts et
des lettres des Etats-Unis.
En 1972, Yasunari est hospitalisé
pour une appendicite, sa santé est précaire. À 72 ans, bien que
réticent à l'idée du suicide, il choisit le gaz pour mettre fin à
ses jours le 16 avril, discrètement, dans la solitude d'un petit
appartement qui lui servait de bureau secondaire au bord de la mer à
Zushi.
Jour fatidique qu'il trouva peut-être
empreint de tristesse et de beauté, il ne laissa ni explication ni
testament. Sa tombe se trouve au cimetière de Kamakura.
Bibliographie :
Tenohira no
shosetsu - 1916 à 1963
Récits de la paume
de la main - 1999
Shōnen - 1921,
1948
L'Adolescent - 1992
Onsen yado - 1926,
1931, 1980
Les Servantes
d'auberge - 1990
Izu no odoriko -
1926, 1953
La Danseuse d'Izu -
1973
Asakusa kurenaidan
- 1930
Chronique d'Asakusa
- 1988
Chirinuruo - 1933
La Beauté tôt
vouée à se défaire - 2003
Yukiguni - 1935,
1948,1955
Pays de neige -
1960
Yama no oto - 1949,
1954
Sembazuru - 1949,
1952
Le grondement de la
montagne - 1969
Meijin - 1954
Le maître ou le
tournoi de go - 1975
Mizuumi - 1955
Le Lac - 1978
Nemureru bijo -
1960
Nuée d'oiseaux
blancs - 1960 et 1986
Les belles
Endormies - 1970
Koto - 1962, 1968
Kyôto - 1971
Kataude - 1963
Le Bras - (in :
La Beauté tôt vouée à se défaire)
Utsukushisa to
kanashimi to - 1965
Tristesse et beauté
- 1981
Suishō gensō -
1980
Illusions de
cristal (in : Les Servantes d'auberge)
Shitai shōkai-nin
- 1980
Le Pourvoyeur de
cadavre (in : Les Servantes d'auberge)
Kurutta ippêji -
1980
Une Page folle
(in : Les Servantes d'auberge)
Kawabata
Yasunari-Mishima Yukio : ohfuku shokan - 1997
Kawabata-Mishima, correspondance
1945-1970
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire