mardi 30 septembre 2014

"La bête aveugle" de Ranpo Edogawa

Un masseur aveugle, fasciné par la perfection du corps féminin, entraîne ses victimes de rencontre dans des mises en scène cruelles et perverses où les plaisirs sensuels et les amours troubles deviennent très vite des jeux douloureux. Caresses raffinées pour les plaisirs extravagants d'un esthète qui célébrerait l'art dans un monde de beauté purement tactile. Il en sera ainsi jusqu'à ce que l'ennui et la lassitude gagne l'infirme et le poussent au meurtre de ses maîtresses.

"Il y avait quelque chose de troublant à vous donner le frisson que de voir un homme, ne disposant que du toucher, admirer la statue nue de la femme qu'il aime. Ses cinq doigts, menaçants comme les pattes d'une araignée, rampaient à la surface du marbre poli. L'homme s'attarda longtemps sur les lèvres semblables à des pétales de fleur. Puis les paumes caressèrent le reste du corps, la poitrine...le ventre...les cuisses..."

"Cette partie du mur était recouverte de protubérances semblables à des bols inversés, et alors qu'elle appuyé sur l'une d'elles, celle-ci avait tremblé comme de la gelée et la partie où s'était appuyée venait de s'enfoncer. De plus, elle était tiède et donnait exactement la même sensation que la peau humaine vivante."

"A un certain endroit, des mains, comme tendues dans les affres de la mort, formaient comme un gros bouquet de fleurs magnifiques. Un peu plus loin, des bras innombrables étaient regroupés, faisant assaut de coquetterie en un gros buisson. Ailleurs encore, on ne trouvait que des pieds, des genoux, ou toute autre partie du corps, disposés d'une manière encore plus ingénieuse que celle dont aurait fait preuve le meilleur artiste, chacune gardant sa personnalité et son charme."

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