Love & Pop aborde une forme de
prostitution propre au Japon, dont Murakami avait déjà fait le
sujet troublant de son film Tokyo Decadence. Par l'intermédiaire des
messageries téléphoniques, de jeunes lycéennes acceptent des
rendez-vous avec des inconnus pour pouvoir s'acheter des produits de
marque. Le roman raconte la journée d'une jeune fille qui, désirant
absolument s'offrir une topaze impériale, accepte coup sur coup,
deux rendez-vous avec des hommes. Mais les rencontres ne vont pas se
passer comme elle l'avait prévu. « La littérature n'a que faire
des questions de moralité », dit Murakami, qui a construit son
roman à la manière d'une œuvre d'Andy Warhol, en fondant dans la
narration des bribes de conversations, d'émissions de radio ou de
télévision, des litanies de marques, de titres de films ou de
paroles de chansons à la mode. Comme un bruit de fond faisant
soudain irruption au premier plan pour saturer le sens de ces
rencontres qui ouvrent sur toutes les possibilités de l'humain.
Tandis qu'une violence latente se fait de plus en plus pressante et
précise.
« Eh bien....alors.
Oui, je prends votre commande.
Euh...alors un super Vanilla Shake.
Un super Vanilla Shake.
Un seul, s'il vous plaît.
Entendu, alors cela vous fait
exactement 206 yens. Un instant, s'il vous plaît. Pardon de vous
avoir fait attendre, voici votre ticket.
Oui.
Voici votre ticket, cela vous fera très
exactement 206 yens. Merci beaucoup.
Un Ice Tea, small size.
Oui, vous le préférez au citron ou au
lait ?
Au sirop de gomme seulement.
Oui, entendu. Cela fait 155 yens. Un
instant, s'il vous plaît. Voilà, pardon pour l'attente. Oui. Vous
me donnez 1000 yens et 5 yens. Je vous rends 850 yens. Merci
infiniment. Bienvenue. Oui. Je vous en prie, dès que vous aurez
décidé de votre commande, je vous en prie. Bienvenue. »
« J'ai décidé de me procurer
cette bague. Les choses que l'ont croit importantes ont tendance à
s'effacer si facilement lorsqu'on se lève et regarde la télé,
écoute la radio, feuillette un magazine ou parle avec quelqu'un. »
« Quand bien même tomberais-tu à
genoux devant moi et me demanderais-tu en versant des larmes de tout
oublier, jamais je ne reviendrais vers toi. D'amour, je n'ai plus
besoin, l'amour m'a ligotée et je ne peux plus bouger. Ces mots
innocents me blessent, les jours sans amour sont des jours de
liberté, personne ne me fera de reproches et pourtant, si tu ouvrais
maintenant cette porte, je ne sais pas ce que je ferais, peut-être
passerais-je à ton côté et m'enfuirais-je, dans de profondes
profondes profondes ténèbres, je repense à cet amour : oubliés
les nuits sans sommeil et les jours de pluie. Quand elle eut terminé
de chanter, Noda Chisa et Kakegawa se serrèrent la main. »
« Je cherche une jeune fille,
maximum lycéenne, pour un rendez-vous aujourd'hui, dès maintenant.
Je suis célibataire et j'habite à Tokyo, j'ai 29 ans. Je suis un
petit gabarit, je mesure 1 mètre 66 mais je suis vraiment très doux
avec les femmes, je cherche une fille que je saurai combler en lui
laissant prendre l'initiative. Je souhaite si possible une fille pas
trop grosse, une vraie vicieuse qui aime baiser. Je suis prêt à
étudier toutes les conditions en vue de les satisfaire mais je pense
offrir environ 50 000 yens. Si cela convient à une fille, qu'elle me
laisse un message. Si c'est une fille qui a un bipeur, qu'elle laisse
aussi le numéro de son bipeur. Au revoir.
Enregistré aujourd'hui, à 16heures 41
minutes.
Message suivant, je vous en prie. »
« Hiromi remarqua qu'il ne faisait plus
de tseu et que tout en disant "amour, c'est amor", il
lui avait pris la main droite avec ses deux mains pour l'introduire
dans la poche gauche de son pantalon. La poche était trouée et
Uehara ne portait pas de sous-vêtement.
- S'il te plaît, tiens-la comme ça.
Hiromi était stupéfaite, il lui
serrait si fort la main qu'elle en avait mal et elle sentait la
colère monter en elle mais elle n'eut pas la force de refuser et
saisit le membre gonflé d'Uehara. Il était chaud, gros. La
sensation dans sa main était étrange.
-Ne t'inquiète pas, j'ai mis un
condom, tu te saliras pas les mains. »
« - T'en as de la chance, hein
Fuzz ! Elle connaît. Bon, eh bien, Capitain Eo a un sac à dos jaune
de chez Baskin posé près de lui et boit un thé au lait chaud, hein
? Ah oui, bien sûr... »
« - C'est pas une chose à faire,
ce que tu fais ! Se mettre nue devant un homme que tu ne connais pas.
Si quelqu'un l'apprenait, il est probable qu'il te désapprouverait.
Car ce quelqu'un, il existe forcément, tout le monde a forcément
quelqu'un qui, lorsqu'il est seul, lorsqu'il est triste, pleure tout
seul, il y a forcément quelqu'un dans ce genre de circonstances
qui...est-ce que tu imagines ce que ça lui ferait d'apprendre que
cette femme si importante pour lui, que cette femme est nue en ce
moment devant un homme ? Non, toi, tu ne comprends pas, tu penses que
personne ne pense à toi en ce moment, maintenant, alors qu'on te
touche les seins, que tu es nue, dans un moment pareil, maintenant,
il y a quelqu'un que le chagrin accable, quelqu'un de triste à en
mourir ! »
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