mercredi 12 septembre 2012

"Tristesse et beauté" de Yasunari Kawabata

Tristesse et Beauté est le dernier roman qu'écrivit Kawabata et aussi sûrement le plus torturé.
Oki Toshio, écrivain célèbre, entreprend de renouer avec son passé en se rendant à Kyoto pour y écouter, la veille du jour de l'An, les cloches des monastères qui sonnent le passage d'une année à l'autre. Ce faisant, il espère revoir celle qui fut sa maîtresse plus de vingt années auparavant : Otoko, à présent peintre de renom installée à Kyoto. Otoko vit avec Keiko, une jeune fille d'une saisissante beauté, nature ardente et implacable qui s'emploiera à mener à bien une singulière vengeance, dont l'issue tragique rendra à jamais vaine toute tentative d'Oki pour ressusciter le passé...

« Oki se leva et alla devant la glace. Son nœud de cravate était impeccable. De la paume de sa main, il essuya énergiquement son visage en sueur et légèrement gras. Après avoir ainsi violé cette enfant, il ne pouvait supporter la vue de son propre visage. Il vit dans la glace le visage de la jeune fille s'avancer vers lui. Il fut frappé par sa fraicheur et sa poignante beauté. Stupéfait par cette incroyable beauté, Oki se retourna. Otoko posa sa main sur son épaule et, blottissant doucement sa tête contre sa poitrine, lui dit simplement : "Je vous aime." »

« Oki avait trouvé singulier qu'une enfant de seize ans ans appelât "petit garçon" un homme de trente et un ans. »

« - Tes oreilles ont une forme ravissante et il se dégage de ton profil comme une beauté féérique ! Remarqua Oki. »

« "Nous somme en sueur. Nous devrions faire un brin de toilette avant le dîner..., dit Oki, en se frottant le visage de sa main. Keiko, si nous jouions aux dauphins ?
-Ce que vous dites est odieux ! Parler de moi comme si j'étais un dauphin... Tenez-vous absolument à m'humilier ? Jouer aux dauphins !..." »

« Sans se soucier le moins du monde d'être aperçue des clients voisins, Keiko mordit férocement le petit doigt d'Otoko. La douleur saisit Otoko au ventre, mais elle ne retira pas son doigt et ne dit rien. La langue de Keiko jouait avec l'extrémité du petit doigt. » 

« "Comment comptez-vous vous venger de moi, Keiko...? demanda Taichiro, d'une voix sèche.
- Comment je conçois ma vengeance ? Mais si je vous le disais, il n'y aurait plus de vengeance... Peut-être le ferais-je en tombant amoureuse de vous..." Ses yeux prirent une expression lointaine, comme si elle regardait la route qui longe la berge opposée de la rivière "Cela ne vous semble pas amusant ?
- Pas le moins du monde. Ainsi, votre vengeance consisterait à tomber amoureuse de moi...?" »

« Keiko ouvrit les yeux. Des larmes y brillaient lorsqu'elle les leva vers Otoko. »

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire