lundi 4 juin 2012

"Une page d'amour" d'Emile Zola


Lorsque Hélène Mouret arrive à Paris, son mari est brusquement emporté par une maladie.
Elle se retrouve seule avec sa fille Jeanne, âgée de 12 ans. Elle mène une vie tranquille et bien réglée tout en observant Paris de sa fenêtre. Jeanne accompagne sa mère où qu'elle aille. Cette enfant, d'une santé très fragile, est d'une jalousie maladive à l'égard de sa mère : elle seule peut partager l'amour d'Hélène.
Un jour, alors que l'enfant est atteinte d'une crise de convulsions, Hélène cherche de l'aide auprès de son propriétaire Henri Deberle qui se trouve être médecin. Tous deux tombent inconsciemment sous le charme l'un de l'autre.
Plus qu'une page d'amour, il s'agit de passion, aveuglante voire fatale, de mort donc, de possession, de jouissance,de plaisir plus que de bonheur ou d'amour.
Hélène, guère croyante, choisit d'obéir à la voix de ses sens, de sa passion, plutôt qu'à celle de Dieu.
Résultat: jouissance éphémère et remords perpétuel.. maladie, mort, solitude, tromperie, désenchantement... Le vide après un semblant de plénitude...

« Mais il lui avait saisi les poignets, il l'attirait lentement, comme pour la convaincre tout de suite d'un baiser. L'amour grandi en lui pendant des mois, endormi plus tard par la rupture de leur intimité, éclatait d'autant plus violent, qu'il commençait à oublier Hélène. Tout le sang de son coeur montait à ses joues ; et elle se débattait, en lui voyant cette face ardente, qu'elle reconnaissait et qui l'effrayait. Déjà deux fois il l'avait regardée avec ces regards fous; »

« Cet engourdissement, qui l'avait tenue comme imbécile, se fondait en un flot de vie ardente, dont le ruissellement la brûlait. Elle frissonnait de la volupté qu'elle n'avait point éprouvée. Des souvenirs lui revenaient, ses sens s'éveillaient trop tard, avec un immense désir inassouvi. »

« Au pied du Trocadéro, la ville couleur de plomb semblait morte, sous la tombée lente des derniers brins de neige. C'était, dans l'air devenu immobile, une moucheture pâle sur les fonds sombres, filant avec le balancement insensible et continu. Au-delà des cheminées de la Manutention, dont les tours de brique prenait le ton du vieux cuivre, le glissement sans fin de ces blancheurs s'épaississait, on aurait dit des gazes flottantes, déroulées fil à fil. Pas un soupir ne montait, de cette pluie du rêve, enchantée en l'air, tombant endormie et comme bercée. Les flocons paraissaient ralentir leur vol, à l'approche des toitures ; ils se posaient un à un, sans cesse, par millions, avec tant de silence, que les fleurs qui s'effeuillent font plus de bruit ; et un oubli de la terre et de la vie, une paix souveraine venait de cette multitude en mouvement, dont on n'entendait pas la marche dans l'espace. »

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